
Cette semaine, je suis allée m’acheter un sac à dos, en prévision de mon voyage à Paris, à Pâques (et d’autres escapades, je l’espère!). Celui que j’utilisais jusqu’alors pour de courts voyages était défraîchi, quelques pièces étaient brisées… Je suis donc allée chez MEC, où les liquidations de fin de saison battaient leur plein. J’ai trouvé un sac dont le format me convenait, et j’ai pris la couleur qui était « en spécial » (par ailleurs très belle) : un genre de turquoise très pâle tirant sur le blanc. Mais en revenant à la maison, j’ai été prise de légers remords en voyant mon ancien sac à dos, qui n’est quand même pas siiii pire malgré son vécu, et pour lequel j’avais un certain attachement, justement à cause de ce vécu. Je l’avais acheté pendant ma session d’études en Allemagne, pour une mémorable excursion d’aviron de 4 jours, il y a… 15 ans!

Après, mon chum s’est un peu moqué de mon choix de couleur douteux. Est-ce que ça vaut la peine, pour économiser 20 $, de prendre un sac qui va devenir turquoise très pâle tirant sur le brun très sale après une semaine? Il n’était même pas cher au prix régulier, et ce 20 $ d’économies ne représente rien du tout par rapport au coût du voyage, de toute façon… Finalement, après mûre réflexion, je suis retournée au magasin pour rendre le sac et acheter des pièces de rechange pour que mon vieux sac soit de nouveau fonctionnel, bien que toujours un peu laid.
Aussi, cette semaine, j’ai essayé de gérer ma repousse de « tour d’oreilles » moi-même, pour repousser un peu ma visite chez la coiffeuse. Je trouve ça ben gossant (et cher) de devoir y aller souvent, depuis que j’ai les cheveux courts, alors parfois, je fais ce genre de chose, même si je sais pertinemment que c’est une mauvaise idée (parce que ce n’est pas la première fois que je m’essaie et que c’est TOUJOURS raté). Ce n’est même pas économique, parce que je finis par aller chez la coiffeuse trois jours plus tard pour qu’elle arrange ça. Mais à ma défense, je ne le fais pas tant pour des raisons économiques que parce que je manque de temps pour aller chez la coiffeuse. J’ai aussi déjà coupé les cheveux de mes filles moi-même pour gagner temps et argent… autre échec lamentable, il va sans dire.
J’ai beau me défendre en prétextant que je pose ce genre de geste non pas pour économiser, mais à cause de mon attachement aux objets, ou grâce à ma conscience environnementale qui me pousse à réparer plutôt qu’à acheter, ou parce que le fait de me débrouiller moi-même me fait perdre moins de temps… il n’en reste pas moins que dans mon for intérieur, sous couvert d’être une consommatrice avisée ou de prolonger la durée de vie utile des objets, je me sais un peu cheap, grippe-sou, radine, économe, chiche, lésineuse…
Sachez quand même que je grossis le trait légèrement. N’allez pas m’imaginer en train de rouler mes vieilles cennes noires puantes : je fais faire ça par mes enfants et elles peuvent tout garder, comme il se doit! Je ne manque pas nécessairement de générosité, car je me sais extrêmement privilégiée et j’ai à cœur d’aider des gens dans le besoin… J’aime donner; dépenser, pas tant. Alors telle une bonne fourmi, je m’achète des vêtements en liquidation, et encore, pas trop souvent, je roule dans une voiture (et sur un vélo) d’occasion, je choisis des bouteilles de vin pas trop chères (parce que de toute façon, je ne goûte pas vraiment la différence, je dirais que mes papilles sont un peu adulescentes), et je voyage en dehors de la haute saison pour que ça me coûte moins cher (à Londres, on avait même une chambre sans fenêtre : parfait pour rester à l’heure de Montréal!), entre autres mesures d’austérité.
Je n’irais pas jusqu’à me dire adepte de la simplicité volontaire, parce qu’on mange souvent comme la royauté ou presque et qu’il m’arrive quand même régulièrement d’avoir une bulle au cerveau et de dépenser sans compter pendant un court laps de temps. Mais vient toujours, plus tôt que tard, un moment où je suis capable de me dire que je n’ai vraiment besoin de rien de plus. Dans le fond, au lieu de m’avouer cheap, j’aurais juste dû dire que je suis satisfaite de ce que j’ai, ça paraît mieux! Mais comment ne pas l’être?!? Je considère que la plupart des gens que je connais (et je m’inclus évidemment là-dedans), sans nécessairement rouler sur l’or, sont riches. Pouvoir satisfaire tous ses besoins, mais devoir faire des choix pour « les extras », pour moi, c’est déjà être riche.
Tout ça pour dire que longtemps, c’est la crainte de m’endetter qui m’a empêchée de changer de carrière. Ce n’était pas qu’une question d’argent… une question de temps aussi, mais les deux sont liées. Je ne pouvais pas concevoir d’arrêter de travailler un, deux, ou trois ans et m’endetter de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour aller apprendre quelque chose à l’université à temps plein, mais je ne pouvais pas m’imaginer non plus faire un diplôme/certificat à temps partiel : à trois ou six crédits par session, j’aurais eu amplement le temps de mourir d’ennui au travail en attendant d’avoir fini!
Aller à l’université, ça aurait coûté cher, en plus de la perte de revenus. Je n’ai jamais aimé m’endetter, même pour une bonne cause. Bon, j’ai quand même un prêt hypothécaire et quelques cartes de crédit, comme la plupart des gens, mais j’essaie autant que possible de ne pas vivre au-dessus de mes moyens (et de freiner les élans dépensiers de ma douce moitié).
Pourtant, l’argent n’a jamais été une grande source d’inquiétude dans ma vie d’adulte. À la fin de l’adolescence, j’ai eu un emploi d’été très payant qui m’a permis de voyager. À mon retour, après quatre mois de voyage sans trop d’extravagances, j’avais placé ce qui restait dans des REER (je suis très mini-wheat dans le fond…). C’est d’ailleurs ce qui a fait qu’une fois, j’ai presque failli en manquer. C’était l’hiver, j’étais aux études, en appartement, je ne travaillais pas, et mes réserves commençaient à s’épuiser, au point que je me demandais ce que j’allais faire pour subsister jusqu’à la fin de la session. J’envisageais de chercher un petit boulot qui ne nuirait pas trop à mes études. Mais un soir, en revenant d’un concert à la faculté de musique de l’Université de Montréal (j’avais vu Dialogues des Carmélites de Poulenc… un opéra dont la mise en scène avait fait forte impression sur moi, mais qui est finalement plutôt déprimant : tout le monde meurt), j’ai découvert une manne inespérée dans ma boîte aux lettres : si ma mémoire est bonne, un chèque de quelque 1 500 dollars. À l’époque, mon loyer (en colocation) coûtait quelque chose comme 200 dollars par mois, alors ce chèque allait me mener loin! (Pour assouvir votre curiosité : ce chèque était un redressement que la Commission des normes du travail avait exigé d’un ancien employeur, une auberge de jeunesse où j’avais travaillé pendant l’été, parce que j’avais été payée seulement 25 $ par nuit pour passer la nuit à l’auberge, soit un salaire inférieur au salaire minimum. Une autre employée s’en était plainte et avait obtenu gain de cause pour tout le personnel. Je l’en remercie!)
Je vous parle de ces considérations pécuniaires parce que je suis entrée assez récemment dans la période de mon congé où mon compte bancaire saigne. Au début, je dilapidais notre retour d’impôt familial, ça ne faisait pas très mal. Mais depuis quelque temps, je vis à crédit pour remplir mes obligations financières et subvenir aux besoins de la famille, sans même essayer de freiner l’hémorragie (même ça, c’est relatif : je ne suis pas vraiment dans le rouge, je suis juste un peu plus avisée que dans ma jeunesse, donc je ne retire pas des placements qui sont susceptibles de fructifier davantage que les taux d’intérêt). J’ai lâché prise là-dessus parce que je sais que le projet dans lequel je me suis lancé vaut largement les quelques milliers de dollars de perte de salaire. Quant aux frais de formation, vous ne serez pas surpris d’apprendre que j’ai acheté mon abonnement aux deux plateformes payantes que j’utilise au Boxing Day, à 50 % de rabais, et ce, même si c’est la banque qui les rembourse au final! Faire une job qu’on aime, ça n’a pas de prix, mais c’est pas une raison pour jeter ses choux gras! 😉 Sur ce, je vous laisse, je vais aller compter mon p’tit change…