Vous êtes-vous déjà demandé quel était le lien étymologique entre les mots chanter et déchanter, au sens de vivre un désillusionnement, une profonde déception? Je pense que j’ai trouvé. Déchanter, c’est quand, après avoir chanté quelque chose de grandiose, dans un endroit extraordinaire avec des gens tout aussi formidables, tu te réveilles le lendemain matin avec une petite gueule de bois (parce qu’il fallait bien que tu vives ta vie d' »artiste » jusqu’aux petites heures du matin, après le concert) et l’inébranlable certitude qu’il ne se passera rien d’aussi exaltant dans ta vie dans un avenir rapproché. C’est comme ça que je me suis sentie dimanche, entre deux brassées de lavage… L’écart d’intensité (et d’intérêt!) est vertigineux. Plus ça va, plus je trouve que c’est un grand événement, un concert, et je me sens privilégiée de pouvoir en faire quelques-uns par année. Mais le retour à la normale m’est toujours un peu pénible. En même temps, probablement que si j’avais fait de la musique mon métier, les concerts ne seraient pas toujours aussi magiques. Même plus jeune, quand j’étais aux études, ils étaient déjà un peu devenu habituels…

Mais pour revenir à l’étymologie de déchanter, c’est assez plate finalement : au début, ça voulait dire exécuter le déchant. (Déchant : mus. Contrepoint dans lequel une voix aiguë est ajoutée au-dessus du plain-chant. [Usito]) Le Littré nous dit ceci : « Déchanter a été certainement d’abord exécuter le déchant, et en ce sens il vient de déchant ; mais il est certain qu’aujourd’hui déchanter c’est faire le contraire de chanter, c’est-à-dire éprouver une mortification, un déplaisir, être dans le chagrin, et, en ce sens, il vient de dé… préfixe, et chanter. » Plate. Et un peu étrange : si ne pas chanter, c’est éprouver mortification, déplaisir et chagrin, beaucoup de gens doivent trouver le temps bien long… En même temps, je témoigne : c’est vraiment un plaisir extraordinaire de chanter.

En matière d’étymologie, mes hypothèses sont pas mal toujours plus amusantes que la vérité! Déchanter aurait pu être un proche parent de décanter; dans les deux cas, il y a quelque chose qui semble couler au fond… Ou de la famille de « désenchanté », « déchéance »? Même pas. J’espère toujours une origine surprenante, des liens mystérieux, un détour déformant par une langue étrangère… mais c’est très rare que mes dictionnaires (dont les renseignements étymologiques sont relativement limités) me donnent raison. Parfois, ayant imaginé une théorie farfelue sur l’origine d’un mot, je continue d’y croire même si, après vérification, ce n’est pas ça du tout. Peut-être même qu’il m’est déjà arrivé de présenter une de ces théories comme la vérité (avant d’avoir vérifié, quand même…)! Cela dit, c’est peut-être pas vrai… mais c’est drôle! 🙂

Une réflexion sur “Chanter/déchanter

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