Aussitôt que l’annonce a été faite que l’école des enfants serait fermée jusqu’à nouvel ordre, j’ai commencé à chercher des ressources éducatives pour les occuper. Grâce à mes super pouvoirs magiques de recherche (et à mon expérience d’autodidacte!), en quelques minutes, j’avais déjà une belle liste de matériel édifiant qui les empêcherait de s’abrutir devant la télé et des jeux d’ordi insignifiants pendant des semaines…

Ce n’est pas que j’ai peur que mes enfants prennent du retard… Sur ce plan, je suis consciente de mon grand privilège de n’avoir aucune inquiétude quant aux conséquences du confinement sur le développement intellectuel de mes enfants. Si vraiment elles regardaient des épisodes de Pokemon douze heures par jour, ça laisserait peut-être des traces sur leur santé mentale (et/ou la mienne), mais leur cheminement scolaire n’en souffrirait guère. La plus jeune, en première année, sait lire, écrire, compter et un peu calculer; c’est bien assez pour commencer la deuxième année en septembre. Je ne sais pas vraiment ce qui est au programme en quatrième année, mais je ne m’inquiète aucunement pour l’aînée, qui s’emmerde de toute façon à l’école, quand des notions sont révisées et re-révisées.

Alors pourquoi insister sur les activités éducatives en temps de pandémie? Premièrement, je ne peux pas me résoudre à laisser la télé et l’ordi garder mes enfants : même sans inquiétude pour leur intellect, j’observe une sérieuse tendance à devenir accro aux écrans, tendance que je ne peux pas encourager. Heureusement, avant même la venue du coronavirus, j’avais trouvé un bon concept : le ratio enrichissement/divertissement, qui doit toujours être de 2/1. Supposons qu’une de mes filles veut jouer à un jeu d’ordi complètement débile pendant une demi-heure, elle doit d’abord faire une heure d’activités enrichissantes. Mine de rien, depuis l’instauration de cette règle, la plus grande est passée de 15 minutes de musique à 1,5 heures par jour. Elle, elle croit que sa récompense, c’est de jouer à son jeu d’ordi débile, mais la vraie récompense, c’est qu’elle fait des progrès spectaculaires. Je me trouve ben futée!

Deuxièmement, il faut que je les tienne un peu loin l’une de l’autre, pour éviter des dérapages et du tirage de cheveux. À vrai dire, on ne réussit pas du tout à éviter ça, mais on essaie de réduire l’exposition.

Et finalement, il y a la « vraie » raison, que j’ai un peu honte d’admettre (c’est peut-être tabou? trop tard) : je n’aime pas vraiment jouer avec mes enfants. Même les jours où je suis en congé, je préfère leur enseigner des choses que de jouer. Moins c’est structuré, moins j’aime ça. Par exemple, j’aime construire des modèles Lego, mais ne me demandez pas d’imaginer des choses sans instructions. Pire encore : ça me fait capoter quand les filles détruisent les modèles pour faire n’importe quoi avec les pièces. Je suis le Kragle. Mais comme cela me plaît d’aider mes enfants à construire un kit neuf et que cela me rappelle mon enfance, au fil des ans, elles en ont reçu beaucoup en cadeau et on a fini par perdre complètement le contrôle de la situation. Legoland, comme j’appelle affectueusement la salle de jeu aménagée pour les enfants au sous-sol, est un bordel inqualifiable, et personne n’y va jamais. Sauf moi, de temps en temps, quand je me dis qu’il faudrait ranger ça (très mauvais pour mon dos et mon allergie aux acariens); les filles y vont ensuite pendant quelques jours, jusqu’à temps que le désordre revienne et que Legoland soit de nouveau abandonné.

Un jeu de société, c’est quand même un peu structuré… mais généralement, avant même qu’on ait commencé la partie, une de mes filles braille déjà toutes les larmes de son corps parce que ce n’est pas elle qui va lancer les dés en premier. S’ensuivent moult débats enflammés sur les règles. Et ça se termine par d’autres larmes parce que tout le monde ne peut pas gagner. En plus, il manque parfois des pièces de jeux auxquels on n’a jamais joué. Ça me fait capoter!

Jouer à la poupée, ça ne m’a jamais tenté. Je n’ai déjà pas beaucoup d’instinct maternel avec des vrais enfants, ça serait beaucoup de demander d’interagir avec des objets inanimés! Et s’inventer des jeux de rôles de Pokemon mis en scène par la fan la plus passionnée des Pokemon… j’en suis juste incapable! Le bricolage, on n’en parle pas : j’ai zéro talent pour ça, et mon chum capote parce que c’est sale!

Bref, pour toutes ces raisons, je trouve ça bien plus simple de leur apprendre à jouer du piano, de faire du yoga en famille, de leur montrer les rudiments de la programmation… C’est pas parce que je veux avoir l’air de « réussir mon confinement », c’est pour m’éviter de faire d’autres choses que je trouve encore plus plate! Malheureusement, ça ne se passe pas nécessairement comme je l’entends. Même si je prévois un bel horaire qui équilibre presque parfaitement sports, musique, lecture, mathématiques, culture, collations (on va se le dire, c’est la partie la plus importante, en réalité), écriture, cuisine, même généalogie, grâce à mes parents… il y a de la résistance. Ces enfants-là, ça se plaint que ça s’ennuie, mais ça veut même pas suivre la programmation de rêve qui va en faire des êtres humains complets!

– OK, c’est l’heure de se relaxer en faisant du yoga! – Mais maman… – TA GUEULE, ON FAIT DU YOGA, J’AI DIT!

(Appelez pas la DPJ, je ne parle pas comme ça à mes enfants pour vrai. J’espère que c’est quand même un peu clair que j’exagère tout le temps et que je me dépeins pire que je suis.)

Mais ne vous inquiétez pas pour mes enfants, la situation actuelle m’amène à être plus généreuse de mon temps avec elles et à chercher des moyens pour que tout le monde ait du plaisir, même s’il me faut parfois feindre un peu… Ma patience est parfois dangereusement testée, et certains jours, je pense qu’on va tous se pousser les uns les autres vers la folie (certains ont peur des maladies; moi, je suis hypocondriaque de la santé mentale et je suis grandement mise au défi en ce moment!)… Mais bon, on y était déjà un peu avant tout ça. Dans le fond, c’est juste more of the same!

Pour finir, je vais encore une fois m’autoploguer, car moi aussi, j’essaie d’apprendre des choses pour montrer aux enfants qu’apprendre c’est super. J’ai fait un peu de programmation et travaillé sur des graphiques de circonstances, à l’aide d’un logiciel (Tableau) dont je ne connaissais presque rien il y a quelques semaines. C’est mis à jour quotidiennement avec des données fraîches, et ça évolue en fonction du temps que j’ai à y consacrer et des commentaires constructifs que je reçois. Si vous avez encore soif de savoir des choses sur le coronavirus, au cas où vous liriez pas assez de nouvelles ou ne regardiez pas assez de points de presse, allez y jeter un coup d’oeil! C’est par là : https://public.tableau.com/profile/v.ronique.lamontagne#!/vizhome/Canada_15850706367650/volutionauCanada?publish=yes

À bientôt les cocos!

Une réflexion sur “Journal du repli – L’école à la maison

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