Il y a un quart de millénaire et des poussières naissait Ludwig van Beethoven. 2020 devait être une année de célébrations grandioses de sa musique, partout dans le monde… Et cet après-midi, je suis tombée sur cet essai biographique sur le site de Radio-Can. L’éclairage qu’il apporte sur la personnalité de Beethoven est intéressant, mais il manque à mes yeux une mention importante: celle du testament d’Heiligenstadt.

Je me souviens que dans les cours de littérature musicale, au secondaire, j’en avais entendu parler… mais ce n’est que plusieurs années plus tard, assez récemment en fait, que j’ai réellement pris connaissance du texte en question. À CAMMAC, alors que l’orchestre répétait une symphonie de Beethoven, le chef nous en avait lu des extraits qui m’avaient profondément touchée.

Dans ce testament adressé à ses frères, Beethoven, début trentaine, raconte le drame de la perte graduelle de son ouïe. Une condition qui l’a presque poussé au suicide, mais qui au final ne l’a pas empêché de composer une quantité inouïe de chefs-d’oeuvre (la Missa Solemnis, entre autres… ai-je déjà dit que c’est une de mes oeuvres préférées?)…

Mais quelle humiliation lorsque quelqu’un près de moi entendait une flûte au loin et que je n’entendais rien, ou lorsque quelqu’un entendait le berger chanter et que je n’entendais rien non plus ; de tels événements m’ont poussé jusqu’au bord du désespoir, il s’en fallut de peu que je ne misse fin à mes jours. C’est l’art et seulement lui, qui m’a retenu, ah ! il me semblait impossible de quitter le monde avant d’avoir fait naître tout ce pour quoi je me sentais disposé, et c’est ainsi que j’ai mené cette vie misérable – vraiment misérable

Ludwig van Beethoven, Heiligenstadt, octobre 1802

Malgré qu’il fût de plus en plus emmuré dans son silence et son désespoir, il a choisi d’endurer parce qu’il n’avait pas encore fini de faire des cadeaux à l’humanité. La grandeur n’est pas que dans l’oeuvre qu’il a laissée.

En plus, cette année, Beethoven s’est fait tasser par la covid-19, comme tout le reste. Pas de traitement de faveur pour les génies. (Heureusement, à Sinfonia, on a eu la chance de jouer sa Missa Solemnis in extremis, en février!) Mais avec sa résilience surhumaine, Beethoven se serait sûrement dit : « C’est pas grave, on fêtera ça l’an prochain! »

Nous aussi, on peut être comme Beethoven et endurer notre sentiment d’isolement, d’autant plus qu’il est temporaire (bien que long, j’en conviens!)… (Et malheureusement, la comparaison avec Beethoven s’arrête là! J’aurais beau avoir sa résilience, je n’aurai jamais son génie!) Toutes proportions gardées, rester chez soi pendant des mois, ce n’est pas grand-chose comparé à « travailler d’arrache-pied dans des conditions éreintantes pendant des mois ». Pour ceux et celles qui ont la covid-19 dans la face au quotidien et qui peuvent difficilement en faire plus, faisons l’effort… d’en faire moins! Faites preuve de la plus grande prudence pendant les fêtes!

Une réflexion sur “Avent 18 – La résilience de Beethoven

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