Ça fait plus d’un an que je procrastine sur la conclusion de la Saga des mauvais choix. Pourtant, il ne reste pas grand-chose à écrire : j’ai quitté La Semaine, j’ai fini le programme plate en traduction que j’avais commencé, puis pendant les 10 années qui ont suivi, j’ai fait de la traduction (entre autres choses; j’ai aussi fondé une famille). Et après, j’ai… arrêté de faire des mauvais choix?

Mais comme la motivation semble manquer pour rédiger un long article sur cette interminable période, je crois qu’il convient de la découper en petits morceaux. Et tant qu’à y être, je vais commencer par un prologue tout léger: un récit de voyage.

C’est qu’après le stage qui a mis fin à mes études en traduction, et juste avant d’entrer pour de bon dans le monde du travail après quelques faux départs, j’ai fait un voyage à Cuba, mon premier voyage tout inclus.

Ce périple n’avait rien d’extraordinaire en soi: il répondait à une petite envie de se recharger les batteries sous le soleil. Mais récemment, en essayant de mettre de l’ordre dans ma bibliothèque de photos numériques, j’ai réalisé que les photos de ce voyage avaient disparu (il n’y en avait pas beaucoup de toute façon : ce forfait m’avait coûté moins de 600 $, billet d’avion inclus ; vous pouvez imaginer que le resort deux étoiles et demie ne valait pas tellement la peine d’être pris en photo!). Bref, en l’absence de support visuel pour me remémorer cette « aventure », j’ai pensé qu’il vaudrait peut-être mieux que j’en fasse le récit avant d’avoir tout oublié.

Parlons d’abord du fameux resort: nous avions choisi un endroit près de la ville de Santiago, du côté sud de l’île, un endroit moins prisé des touristes. On n’y trouve pas de longues plages de sable blanc vidées de toutes les algues qui s’y trouveraient naturellement. La plage de l’hôtel était une minuscule crique au sol rocheux, qui ne manquait pas de charme toutefois. On pouvait y observer de nombreux poissons multicolores, qui, contrairement à mes pieds, préfèrent les fonds rocailleux au sable fin. Néophyte que nous étions dans l’observation de spécimens colorés, cela nous a évidemment causé un très intense et douloureux coup de soleil sur le dos, dès le premier jour.

Ruines de resort vues du ciel…

La région n’avait apparemment pas eu le temps de se remettre complètement d’un ouragan dévastateur. Katrina? Peu importe… disons que ça ne payait pas de mine, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Mais le soleil brillait comme n’importe où ailleurs dans cette région du monde, alors nous n’étions pas trop difficiles. Et le terrain de tennis, sur un promontoire rocheux, offrait une vue imprenable sur la mer.

Au-delà de l’état des lieux, deux sortes d’animaux se démarquaient : les crabes, qui amorçaient leur migration terrestre vers le nord de l’île, et les humains fortement intoxiqués, à toute heure du jour, qui laissaient leurs déchets (surtout les verres en plastique dans lesquels des quantités industrielles de rhum leur étaient servies, mais aussi des assiettes en plastique dans lesquelles le casse-croûte servait des hamburgers dont la boulette était cuite dans la friteuse) traîner partout sur la propriété. J’ai fini par m’habituer aux alcooliques (ce serait plus juste de dire que je me suis tenue loin de la piscine, autant que faire se peut), mais pas vraiment aux crabes, dont la quantité et la taille était fort impressionnantes. À vrai dire, ils grimpaient même aux murs. Ça surprend, quand tu reviens du buffet un peu chaudaille et qu’il y en a un au-dessus de ta porte de chambre…

Parfois, nous voulions nous éloigner de la faune imbibée, alors nous partions à l’aventure. Nous avions remarqué que l’hôtel organisait des excursions dans la forêt avoisinante. Le guide donnait le départ tôt le matin, tout près de la bâtisse qui nous hébergeait, devant un genre de crevasse dans une falaise qui permettait de grimper vers un sentier. Mais c’était trop tôt pour moi, et je n’aime pas particulièrement la compagnie des autres touristes, même à jeun. Alors nous avons décidé d’y aller juste nous deux. Évidemment, le sentier n’étant pas balisé, nous avons fini par nous égarer… et rien ne ressemble plus à un petit arbre sec qu’un autre petit arbre sec. C’était particulièrement ridicule d’avoir réussi à se perdre à environ 200 m de l’hôtel, mais cela nous donnait aussi l’espoir de ne pas passer la nuit à la belle étoile avec des animaux exotiques. Cela dit, nous ne saurons jamais si notre sens de l’orientation aurait suffi pour que nous retrouvions notre chemin avant que la nuit tombe ou que nous mourions de déshydratation, puisque nous avons fini par entendre au loin les voix du guide et des touristes, avec grand soulagement (et un petit sentiment de honte quand même) !

Une autre fois, nous avions loué un scooter pour nous rendre dans un parc national non loin du complexe. Nous voulions aller voir la Gran Piedra, essentiellement une très grosse roche juchée sur une montagne. Le scooter, malheureusement, manquait nettement de puissance pour porter deux êtres humains de taille moyenne jusqu’au sommet. Nous l’avions donc stationné sur le bord de la route pour faire le reste à pied, avec une alternance déluge/chaleur suffocante. Somme toute, une bien belle randonnée. Nous avions redescendu la montagne en courant, je ne me souviens plus trop pourquoi… mais je me rappelle des courbatures que nous avons traînées jusqu’à notre retour à Montréal.

Sinon, nous avions aussi voulu voir Santiago, où ma tendre moitié a presque littéralement laissé sa chemise : un Cubain qui s’était porté volontaire pour une visite guidée (visite par ailleurs fort agréable, pendant laquelle nous avions pris un repas chez l’habitant) lui avait carrément demandé de lui donner sa chemise en guise de compensation. On a fini par s’entendre sur des pesos…

J’écris tout ça et j’ai presque le goût d’y retourner… mais l’époque n’est pas au voyage, et le fameux resort a fini par être complètement rasé par l’ouragan Sandy, en 2012.

J’y serais pas vraiment retournée de toute façon. Force est d’admettre que je me suis un peu embourgeoisée depuis…

À venir sur ce blogue: la fois où j’ai voulu me réorienter au risque de subir une descente d’organes, la fois où j’ai failli opter pour la préretraite, l’entrevue qui a (un peu) changé la donne… et peut-être même l’épilogue de la Saga des mauvaix choix!

Une réflexion sur “Mon voyage (dans le temps) à Cuba

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