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La plupart du temps, Facebook ne me sert à rien, sinon que ça me fait perdre une quantité monumentale de temps quotidiennement. Mais aujourd’hui, Facebook, du haut de sa très artificielle intelligence, a « pensé que j’aimerais revoir une publication d’il y a 3 ans »… et Facebook n’avait pas tort, mais pas parce qu’il s’agissait d’un souvenir particulièrement joyeux. Plutôt un souvenir… oublié. Sous forme de selfie sur un lac gelé.

Au cours des dernières années, à quelques reprises, j’ai été interrogée par des médecins, chiro, ostéo, physio… et chaque fois qu’on me demandait si un accident ou une chute aurait pu expliquer mes problèmes persistants aux mains et au(x) bras, je répondais par la négative. Mensonge! Le 30 décembre 2018, je me suis solidement plantée en patin : une chute mémorable… que j’ai pourtant réussi à oublier.

Ce jour-là, lasse d’essayer d’extirper mes patates de divan de leur inertie, j’avais décidé de faire toute seule un aller-retour à Sainte-Marguerite-du-lac-Masson pour tester mes longues lames. Mais comme j’avais tergiversé avant de partir, j’étais arrivée un peu tard sur le lac glacé, entre chien et loup. Au début, je réussissais plutôt bien à voir les aspérités de la glace naturelle et à adapter mon élan. Malgré le froid, le patin est une activité qui m’entraîne dans une sorte de transe (mais le patin en ligne droite seulement, pas tourner en rond comme une lionne en cage dans un vulgaire aréna!). Pratiquement toutes les conditions de luminosité – un soleil trop éblouissant ou un environnement trop sombre – exigent une concentration de tous les instants.

Mais ce jour de décembre, j’ai dû avoir un petit moment d’absence, à un moment où le ciel s’assombrissait; alors que je filais à pleine vitesse, mon patin s’est pris dans une craque et je me suis étendue de tout mon long sur la glace. Une vilaine chute, certainement dans mon top 3 des plus violentes que j’ai subies dans ma vie. Je suis restée de longs moments étendue sur la glace, trouvant tout juste la force de lever le pouce pour rassurer les gens qui avaient assisté à ma déconfiture. Je n’avais pas tout de suite l’énergie de me relever. T’sais, tant qu’à mettre de la glace pour soigner les bobos après coup, aussi bien rester couchée sur la plus grande surface de glace disponible, le temps de reprendre ses esprits. J’ai fini par me relever, et j’ai eu bien mal partout les jours suivants, puis ça a passé et je n’y ai plus pensé, même quand les problèmes ont surgi, l’été suivant.

Je vous raconte ça, et on dirait que j’insinue qu’il y a un lien, que j’ai enfin trouvé une explication aux douleurs que j’ai depuis deux ans et demi… J’aimerais tellement ça! Ça fait longtemps que j’ai mal et que je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui cloche. Les opinions convergent parfois, divergent souvent : tendinites et/ou arthrose et/ou syndrome myofascial et/ou syndrome du défilé thoraco-brachial et/ou déviation du nerf ulnaire. Problèmes causés et entretenus par le violon et/ou le travail à l’ordinateur et/ou le piano et/ou le tennis et/ou l’aviron et/ou le gossage de bois? Ça me soulagerait, à vrai dire, de penser que je me suis blessée au coude en tombant, et que les problèmes découlent de ce brutal atterrissage. C’est ridicule à dire, mais des fois, j’aimerais mieux avoir n’importe quel diagnostic, même un vraiment poche, en autant qu’il soit sans équivoque et que le plan de traitement soit bien défini.

Mais cette chute, bien que non négligeable, ne saurait expliquer à elle seule tous mes maux… et à vrai dire, ce n’est même pas le chaînon manquant qui apporte un éclairage nouveau à ma condition. C’est juste une information de plus dans un dossier qui en contient… trop? Pas seulement en ce qui concerne les nombreuses causes qui ont concouru à mes douleurs : les traitements et pistes de solutions, aussi, vont dans toutes les directions. Ça ressemble à ça :

  • Réduire mes activités (faire moins de musique, travailler moins, déprimer plus)
  • Maintenir mes activités
  • Cesser de travailler
  • Cesser tout sauf le travail
  • Me mettre du tape de kinésiologie sur les mains pour jouer
  • Jouer du triangle dans l’orchestre
  • Faire des exercices de renforcement
  • Donner un break à mes bras
  • Mettre du chaud (ne signifie pas « se mettre ben chaud »)
  • Mettre du froid
  • Réduire les sources de stress et travailler sur la dureté du mental (mais par quel bout prendre le cercle vicieux de la douleur et de l’ennui?!?)
  • Changer la souris de côté (et commencer à avoir mal à l’autre bras)
  • Utiliser un logiciel de reconnaissance vocale (et être stressée parce que c’est plus un boulet qu’autre chose)
  • Prendre du curcuma, prendre de la glucosamine et/ou prendre des « vrais » médicaments
  • Recevoir des injections de cortisone
  • Adopter une alimentation anti-inflammatoire (couper le gluten, les produits laitiers, les céréales, la viande, le sucre, mais pas juste le sucre raffiné, les autres glucides aussi, l’alcool y compris, et éventuellement juste couper le plaisir de manger)
  • Aller chez l’ostéo, qui fait des choses qui m’échappent complètement
  • Allez chez le physio, qui me dit des choses que je comprends (presque), mais surtout pour me faire encourager à rester active
  • Aller chez l’acupunctrice en espérant que ce soit magique
  • Aller chez le chiro sadique parce que j’ai tellement envie de le croire quand il me dit que ça va se régler en 15 séances
  • Acheter un Theragun « pour mon chum »
  • Appliquer de la pommade de CBD ou manger des jujubes « spéciaux »

AUCUNE de ces solutions, prise individuellement, n’apporte de résultats très concluants. C’EST TRÈS PEU SATISFAISANT!!! Chaque fois que j’ai pensé qu’une solution miracle pourrait me remettre dans le droit chemin et me permettre de recommencer à vivre normalement, j’ai aussi recommencé à m’emballer et à empirer ma situation en même temps que j’essayais de l’améliorer… Au final, c’est très dur de me convaincre que quoi que ce soit fonctionne. Des fois, j’aurais le goût de continuer ma vie comme si de rien n’était, et d’endurer la douleur jusqu’à temps que ce ne soit plus possible de bouger… mais il semblerait que ce soit une très mauvaise idée!

Ma situation individuelle n’est pas sans rappeler ce qu’on vit présentement à l’échelle mondiale. Vous avez sûrement vu passer cette image de fromage à trous :

Une image montrant qu'ils faut plusieurs types d'intervention pour se défendre contre la COVID-19
Source : Radio-Canada

Dans mon cas, on peut faire fi de la responsabilité collective: mes problèmes physiques m’appartiennent en toute exclusivité. Mais les moyens que je peux prendre pour améliorer ma situation (changeante) sont variés, parfois contradictoires, toujours imparfaits. La souris de la confusion me guette. Mon Conseil des ministres intérieur s’entredéchire : mes ministres du Mental, des Finances, de la Santé et de la Famille ne s’entendent jamais sur la marche à suivre. Ma conscience est un François Legault qui essaie juste de trouver des compromis pour nuire le moins possible et pas trop se faire haïr. Ou un ministre de l’Environnement devant une crise climatique… dépassée par l’ampleur de la tâche.

Malheureusement, j’espère ne pas péter votre bulle en le disant, mais malgré le titre de ce billet, il n’y a aucune chance que vous y trouviez une solution miracle, ni pour mes maux, ni pour la pandémie mondiale, ni pour la planète. Quand on s’accroche à un truc prometteur, on se prépare souvent une déception plus grande encore… Prenons la vaccination : il n’y a pas si longtemps, au début de l’automne, on y croyait, qu’elle avait réussi à nous sortir du bois. Mais ce n’est pas le miracle espéré. Et pourtant… le développement aussi rapide d’un vaccin tient du miracle. La vie ressemblerait d’ailleurs un peu moins à un fromage en train de moisir si les récalcitrant.e.s se faisaient vacciner, et si les pays riches aidaient davantage les pays qui en arrachent…

Mais si, dans tous les moyens concurrents qu’on prend, on ne sait pas trop le(s)quel(s) fonctionne(nt), même juste un peu, ce n’est pas le signe qu’il faut tout abandonner; il vaut mieux tout continuer, ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier et s’accrocher à son gruyère. La pandémie et la douleur chronique m’auront au moins appris la nécessité de modérer mes ardeurs et de ne pas céder au découragement. Mince consolation, j’en conviens! Mais ne baissez pas votre garde. Ne perdez pas espoir. Ça n’a vraiment pas bien été, mais ça ira sûrement mieux. Espérons que ça n’empire pas trop avant l’embellie.

J’essaie de ne pas perdre de vue que malgré tout, je n’ai jamais arrêté d’être ultra privilégiée à tellement de niveaux. Je vous écris aujourd’hui de ma petite bulle laurentienne qui m’apporte tout ce dont j’ai besoin, et même plus. Il y a de l’amour, de la bonne nourriture et du bon vin (quand je dis qu’il faut tout continuer… j’ai quand même définitivement abandonné l’alimentation anti-inflammatoire; à un moment donné, il y a des limites à éliminer le fun… j’ai opté pour manger un tout petit peu mieux, et évidemment, ça n’a aucun effet notable à court terme), des jeux, du grand air, on est en bonne santé malgré mes maux; il y a même un piano que je regarde avec un peu de méfiance (je me contente d’en jouer quelques minutes chaque jour), et un bon samaritain a déneigé un sentier de glace de plusieurs kilomètres sur le lac. Patiner, ça demeure une très bonne activité à faire à deux mètres, « pas de bras », couvre-feu ou pas… à condition de ne pas se planter, bien entendu. (Mais je me suis assagie, je n’y vais plus à la nuit tombée.)

À défaut d’une solution miraculeuse, je vous envoie tout plein d’amour. J’espère que votre bulle vous remplit de gratitude et vous aide à rester à flot. Dans ma tradition des dictons de famille annuels qui riment (« En 2017, mange ce qu’il y a dans ton assiette » n’a jamais été surpassé… Quoique « Mets de l’eau dans ton 2020 » était quand même bien trouvé, bien que déprimant!), je tente une petite lumière au bout du tunnel: « En 2022, ça va (commencer à) aller (peut-être) mieux! »

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