J’avais toujours dit que jamais je n’achèterais une voiture neuve, qui se déprécie à la seconde même où l’on prend le volant pour sortir de chez le concessionnaire. On trouvait que le sweet spot, pour l’achat d’un véhicule, c’était de le prendre à 3-4 ans et de l’amener jusqu’à 10 ou presque, avant que ça devienne trop compliqué. Une théorie que je n’ai testée qu’une seule fois, ayant obtenu TRÈS tard mon permis de conduire… J’ai eu deux enfants AVANT d’avoir mon permis, et il a fallu que l’achat du véhicule soit déjà conclu pour que je prenne rendez-vous pour mon examen pratique, la veille de la prise de possession et quelque 15 ans après avoir fait mon premier examen théorique. Je suis probablement la seule personne qui a réussi le test théorique trois fois… Ce serait un euphémisme de dire que mon intérêt pour la conduite n’était pas très grand! J’avais passé beaucoup de temps dans le trafic à l’adolescence, faisant l’aller-retour entre la banlieue et la ville, où se trouvait mon école secondaire… J’imagine que ça a influencé mon envie de m’installer à Montréal et d’y privilégier les transports actifs.

Mais voilà qu’il y a quelques semaines, l’idée m’a traversé la tête d’aller zyeuter les voitures neuves… La nôtre commençait à faire un peu pitié, scratchée de partout à l’extérieur (notamment une crevasse de deux pieds de long, souvenir de la fois où on a engagé la voiture dans un stationnement souterrain… et que ça a arraché le support à vélo de toit, ainsi que le vélo qui s’y trouvait), souillée par notre progéniture à l’intérieur… Et je m’ennuyais, j’avais besoin d’inventer n’importe quel projet. Mais finalement, après un peu de réflexion, j’ai simplement fait nettoyer notre voiture par des pros, pour qu’elle m’écœure moins. J’exagère, elle ne m’écœurait pas tant que ça… c’est quand même une voiture que j’ai beaucoup aimée. Elle était un peu comme la sacoche d’Hermione: l’air de rien, mais capable de loger n’importe quoi!

Mais l’effet « voiture propre » a été de très courte durée! Je pense que je ne l’ai pas laissée s’aérer assez longtemps après le nettoyage, de sorte que le lendemain, une odeur dégueulasse d’humidité avait envahi l’habitacle. Assez pour que l’idée d’aller faire un test drive revienne… Alors on l’a fait, on a mis les pieds chez un concessionnaire pour la première fois, et c’était écrit dans le ciel qu’on finirait par se laisser tenter! Cela dit, j’ai tout haï de mon expérience avec divers vendeurs de char… Impossible de ne pas avoir l’impression de se faire entuber à chaque étape du processus! Le premier voulait tellement rire de nous qu’on a été en voir un deuxième juste pour le faire suer. Ce dernier a juste eu besoin de se montrer un peu moins arrogant pour conclure la vente… Mais quand même, disons que je n’ai pas été impressionnée par l’éthique! Ça n’a pas été long après la signature que je me suis dit que c’était la première ET la dernière fois! J’ai juré que je garderais cette voiture jusqu’à mes 50 ans, et que la suivante serait achetée à un particulier (et d’ailleurs, notre ancienne fidèle monture a été vendue à un particulier en deux heures, presque sans effort, pour presque le triple de la valeur d’échange que le concessionnaire nous offrait).

Mais ce qui me frappe, après coup, c’est le côté symbolique de la chose. J’ai vraiment transposé dans un objet mon désir de liberté exacerbé par les mois de confinement. Cette voiture, finalement, c’est un espoir d’évasion et une volonté irrépressible de porter le regard plus loin que l’écran d’ordinateur. Rester entre quatre murs autant de temps, ce n’est pas mauvais que pour la vision… J’ai vraiment hâte de pouvoir recommencer à aller au travail, et que je ne veuille pas dire par là « monter à l’étage de la maison dont je n’ai plus de raison de sortir ». Espérons que cet achat irrationnel me forcera hors de ma prison dorée et me redonnera un peu de drive! Sur ce, je vais aller me trouver une nouvelle aventure!

2 réflexions sur “Le journal du repli – Les gros chars

  1. Je vais aller passer devant chez vous pour voir par quoi tu l’as remplacée! Depuis qu’on a une voiture 100% électrique je me suis transformée en beau-frère, genre que je dis des choses come «plaisir de conduite» et «veux tu l’essayer?».
    On dira ce qu’on voudra, acheter une nouvelle voiture c’est excitant. Et ton interprétation contextuelle me rejoint beaucoup! Le juste milieu, pour nous, s’est situé dans un démo qui avait 5K à l’odomètre et qui avait le défaut d’être semble-t-il moins désirable pour sa caractéristique d’être une 2019; à cela on ajoute les subventions des deux gouvernements: oui c’était un peu cher pour une petite voiture, mais ça devient vite un argument ésotérique quand on se met à calculer nos affaires à long terme…
    Veux-tu l’essayer?

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    1. On pourrait décrire notre nouvelle voiture soit comme une très grosse Honda fit, soit comme un très petit VUS. La tienne me semble être un véhicule de rêve… J’aurais bien voulu également acheter une voiture électrique, mais une bonne partie de notre kilométrage consiste à rouler 1200 kilomètres dans la même journée, ce qui est difficile à réaliser sur une seule charge de batterie. Un jour, peut-être…

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